Nous avons consacré les deux premiers articles de notre série sur le Yoga pour le corps subtil à son anatomie en parlant de Prana et des kosha. Avant de continuer la théorie, voici des propositions concrètes pour expérimenter le corps subtil dans la pratique, en commençant par la conscience des kosha.
La pratique du Yoga et des asana va bien au-delà de l’aspect physique : la prise de conscience du corps permet d’accéder à d’autres dimensions de la pratique, au cours d’une séquence complète ou dans la pratique d’une seule asana.
Observer le corps, les tensions, les sensations permet de prendre conscience du premier fourreau ou Annamaya kosha. L’observation n’a pas de limite, et peut permettre de connaître l’état du corps et de l’améliorer, voire même de s’en servir à des fins thérapeutiques (mais ceci fera l’objet d’un autre article).
Selon les Sutra de Patanjali, la posture doit être stable et confortable « sthira sukham asanam » d’où l’importance de respecter son corps et de ne pas aller au-delà de ses possibilités. A ce moment-là, la conscience du corps peut se dissoudre pour laisser la place à la conscience du souffle. Le souffle permet de mieux réaliser l’asana et de prendre conscience du deuxième fourreau Pranamaya kosha. On peut, selon sa sensibilité, sentir le souffle circuler dans certaines parties du corps et affiner ainsi sa perception de Pranamaya Kosha.
La conscience du souffle calme le mental et les émotions et permet ainsi d’agir sur Manomaya Kosha. On peut alors mieux percevoir son état mental et émotionnel et l’influencer. La prise de conscience de Manomaya kosha peut être augmentée en se visualisant dans la posture parfaite, même si cette posture n’est pas réalisée physiquement. L’asana est ainsi vécue comme un yantra, un schéma énergétique qui permet d’accéder aux corps supérieurs et à Vijnanamaya kosha (le fourreau de l’intuition celui qui fait le lien entre la conscience individuelle et la conscience universelle).
La perception de Vijnanamaya kosha peut se renforcer en se concentrant sur un chakra (ou centre d’énergie) selon les postures.
Installée dans le yantra et focalisée sur un point d’énergie, la pratique peut alors s’enrichir d’un mantra et permettre de percevoir le dernier fourreau Anandamaya kosha ou corps de félicité.
Ce type de pratiques « complètes » dans l’asana est répandu chez les Natha Yogis et permet de régénérer les trois corps, d’avoir des vertus thérapeutiques plus puissantes et de donner accès à de nouvelles expériences.
Ce qui peut se réaliser dans une seule asana peut aussi éclore dans une séance de yoga qui commence par un côté plus physique, suivi par du pranayama, de la pratique de mantra puis des exercices de concentration et de méditation.
Le yoga est un trésor incroyable qui se révèle petit à petit à ceux qui s’engagent sincèrement dans une pratique subtile et régulière et qui ne s’arrêtent pas au seul aspect physique.