Yoga pour le corps subtil : les vayu – partie 2

Temps de lecture : 6 minutes

Cet article fait suite au premier article de cette série qui inclut la description des pancha prana, leur localisation, leur dynamique et leur fonction, ainsi la description des cinq vayu mineurs. Dans le présent article, nous nous intéresserons à la prise de conscience et au renforcement des vayu majeurs par les mouvements, les postures, les pranayama les kriya et les mudra.

Respiration et vayu : conscience et métabolisme du Prana

Les différentes phases de la respiration permettent de prendre conscience des vayu. Ici encore seule l’expérience et l’observation personnelle peut nous guider.
Selon Indu Arora, lors d’une respiration normale, au début de l’inspiration, c’est Prana vayu qui se manifeste. La deuxième phase de l’inspiration engage Samana, le vayu de l’assimilation qui va permettre de « digérer » le Prana attiré par Prana vayu. Au début de l’expiration, c’est Vyana qui se manifeste, le vayu du mouvement et de la circulation. A la fin de l’expiration et pendant la transition entre l’expiration et la prochaine inspiration il y a un double mouvement. L’énergie se filtre, l’énergie la plus pure monte vers le haut sous forme d’Udana alors que l’énergie grossière va vers le bas sous forme d’Apana pour être éliminée.

Cette dynamique complète des vayu ressemble beaucoup à un cycle métabolique. David Frawley dans son ouvrage « Yoga et Ayurveda » parle d’une machine où Prana fournit le combustible, Samana transforme le combustible en énergie, Vyana transporte l’énergie, Apana élimine les déchets et Udana gouverne l’énergie positive créée lors du processus. Indu Arora parle même de la possibilité de générer dhatus (tissus) et Ojas par la respiration.

Pour BKS Iyengar, dans son livre « Au coeur des Yoga Sutra », l’inspiration gouvernée par Prana se fait avec l’aide d’Apana et Samana, Antara kumbhaka (la rétention après l’inspiration) se fait à l’aide de Samana et Vyana, alors que la rétention après l’expiration (bahya kumbakha) se fait à l’aide d’Udana et Vyana.

La conscience des vayu peut être renforcée lors de la respiration grâce aux suspensions de souffle. La rétention à poumons pleins permet de percevoir la circulation de Vyana à travers le corps et de sentir Udana (surtout dans une posture d’expansion). La rétention à poumons vides permet aussi de mieux sentir le mouvement de Samana et Vyana qui vont accélérer la digestion et la distribution. Il est également possible de percevoir distinctement Udana si la suspension à poumons vides est tenue assez longtemps.

Dans notre pratique personnelle, et il s’agit vraiment de notre expérience, notre ressenti est que les phases d’inspiration et d’expiration sont régies par Prana et Apana avec le support de Vyana et Samana. Lorsque le mouvement de Prana et Apana s’arrête pendant les rétentions, c’est le mouvement centripède/centrifuge qui prend le relais avec Samana et Vyana. Et quand la rétention à poumons vide est retenue pendant suffisamment longtemps, on arrive à percevoir nettement Udana l’énergie de l’ascension.

Ces observations sont basées sur notre pratique personnelle et sont bien entendu critiquables et sans prétention. Nous avons déjà vu que dans le domaine des vayu la connaissance est expérimentale et peut donner lieu à des avis différents selon l’expérience de chacun.

Renforcer les vayu par les asana, kriya et pranayama

Il existe des affinités entre certaines postures, certains mouvements et les localisations et dynamiques des vayu. Les mouvements d’attraction, de montée et d’ouverture sont liés à Prana ; ceux vers l’extérieur et vers le bas, dans lesquels l’énergie est repoussée à Apana ; la fluidité et l’expansion à Vyana ; la concentration et l’équilibre à Samana ; la suspension et la synchronisation à Udana (même si la coordination est aussi liée à Vyana). Pratiquer les mouvements en conscience permet de ressentir et de renforcer les vayu.

Il existe aussi des postures qui renforcent certains vayu, même si toutes les postures accomplies en conscience, les renforcent et équilibrent. Certaines respirations et certains kriyas sont aussi utilisés à cet effet. Il est difficile de donner des indications sans rentrer dans des recettes de cuisine simplistes et pas très intéressantes, mais nous allons essayer de synthétiser ce que nous avons vraiment pu expérimenter lors de nos pratiques, encore une fois sans prétendre ni à l’exactitude ni à l’exhaustivité.

Renforcer Prana vayu

Toutes les postures qui ouvrent le cœur permettent de renforcer Prana vayu (Cobra, chameau…). Les postures debout avec les bras vers le haut comme dans le guerrier 1 le renforcent aussi. La prise de conscience de ce vayu pendant n’importe quelle posture permet de mieux allonger et de mieux ouvrir le haut du corps ainsi que de rendre les mouvements plus organiques et plus naturels. Par exemple, au lieu de lever mécaniquement les bras à l’inspiration, on peut sentir comment le mouvement vers le haut de Prana vayu associé à l’ancrage vers le bas les fait monter naturellement comme s’ils étaient suspendus.
Les pranayama Bhastrika thoracique, Nadi Shodhana et Ujjayi permettent aussi de renforcer Prana vayu.

Renforcer Apana vayu

Apana vayu est renforcé par les postures d’ancrage, les postures debout qui fortifient la base et sollicitent les cuisses comme la posture de la chaise. Apana est aussi renforcé par Apanasana et la posture du lotus ou l’assise jambes croisées ainsi que par Ashvini Mudra et Mula bandha.

La prise de conscience d’Apana vayu dans les postures permet de s’ancrer et de se relier à l’énergie de la terre, tout comme pour Prana vayu, on peut invoquer Apana dans les mouvements vers le bas et vers l’extérieur pour apporter plus de subtilité à la pratique

Renforcer Samana vayu

Samana vayu est renforcé par les postures de torsion, les postures qui agissent sur la sphère abdominale et les postures d’équilibre. Lors des inversions Samana vayu est aussi sollicité. En général Samana vayu est sollicité par quasiment toutes les postures à partir du moment où la concentration et la conscience de l’énergie se fait sur le centre du nombril, il peut être particulièrement renforcé par une série dynamique de salutations au soleil. Agni Sara et Nauli permettent aussi de renforcer ce vayu ainsi que le Bhastrika abdominal.

Renforcer Vyana vayu

Les enchaînements de mouvements fluides comme la salutation au soleil ou la salutation à la lune permettent de renforcer Vyana vayu, tout comme les pratiques de type Vinyasa ou Ashtanga Yoga.

Renforcer Udana vayu

Les inversions comme la charrue ou la chandelle, toutes les postures qui apportent de l’énergie au cou, aux épaules et à la tête, ainsi que les mouvements de synchronisation renforcent Udana vayu.
Prendre conscience d’Udana vayu dans n’importe quelle pose permet d’allonger la colonne vertébrale, de maintenir une posture juste et de créer de la suspension. La pratique de pranayama Ujjayi et Bhramari avec Jalandhara bandha permet aussi de renforcer Udana, ainsi que les rétentions poumons vides.

Pancha vayu et Mudra

Les mudra des mains sont des sceaux énergétiques qui permettent entre autres de ressentir et de modifier les flux d’énergies. Ils peuvent permettre de ressentir individuellement chaque vayu en dirigeant la respiration vers la zone du corps qui lui est spécifique, et de rendre le ressenti des vayu plus palpable.

Ici encore, les propositions peuvent différer quelque peu selon les livres et les enseignants, mais comme d’habitude l’important c’est de pratiquer, d’expérimenter et de se faire son propre avis. Nous vous présentons ci-dessous deux propositions, la première tirée du livre « Mudras for healing and transformation » de Joseph et Lilian Lepage, et la deuxième de l’ouvrage « Mudra » d’Indu Arora.
Pour plus d’information sur les Mudra, vous pouvez consulter les cartes Yogarkana et la série d’articles consacrée à ce sujet ou vous référer aux deux ouvrages cités ci-dessus ainsi qu’à celui de Juliette Dumas et Locana Sansregret « Mudra, le yoga des doigts »

Prana Mudra
Active Active Prana vayu, équilibre le quatrième chakra. A manier avec précaution en cas d’hypertension.
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Apana Mudra
Active Apana, équilibre premier et deuxième chakra. A éviter durant la grossesse et à manier avec précaution en cas de tension basse.
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Matangi Mudra pour Samana
Active Samana, équilibre le troisième chakra et active la digestion. A éviter en cas d’hyperacidité
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Linga Mudra pour Udana
Active Udana, équilibre le cinquième et sixième chakra. Contre indiqué en cas de problèmes de thyroïde, problèmes cardiaques, migraines et maux de tête.
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Anushasana Mudra pour Vyana
Active Vyana, ouvre et équilibre les chakra du deuxième au sixième.
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Indu Arora propose d’autres Mudra pour Samana, Vyana et Udana. Les deux autres sont les mêmes.

Samana Mudra
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Vyana Mudra
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Udana Mudra
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Sources: « Prana, Pranayama, Prana vidya » Swami Niranjananda Saraswati, « Yoga, Ancient heritage, tomorrow’s vision » Indu Arora, « Mudra, le secret sacré » Indu Arora, « Mudras for healing and transformation » de Joseph et Lilian Lepage, notes de cours et pratiques personnelles.

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