Dans le premier article de notre série consacré aux kriya, nous les avons abordé selon l’angle de vue du Hatha Yoga et des shatkriya de ses textes classiques.
Le terme kriya est également utilisé dans le Kundalini Yoga selon Yogi Bhajan et ne désigne pas les mêmes techniques de nettoyage et purification que nous avons évoquées.
Table des matières
Yogi Bhajan
Harbhajan Singh Khalsa est né en 1929 dans la région du Punjab (désormais au Pakistan) d’un père Sikh et d’une mère Hindoue. Sa famille fuit la région en 1947 lors de la partition de l’Inde pour se réfugier à New Delhi. Il y obtient un diplôme d’économie avant d’entrer dans la fonction publique en tant qu’inspecteur des douanes. Son métier lui donne l’occasion de nombreux voyages dont il profite pour visiter de multiples ashrams et rencontrer des maîtres.
Il émigre au Canada en 1968 où il commence à enseigner le Yoga et participe à la création du premier temple Sikh du pays. Il s’installe peu après à Los Angeles aux Etats-Unis dont il obtiendra la citoyenneté sous le nom de Yoga Bhajan.
Yogi Bhajan commence à enseigner aux États-Unis en 1969, pendant la période hippie. Il y connait un rapide succès, en vulgarisant des concepts et des exercices jusque là considérés comme dangereux de révéler et tenus au secret du lien guru-disciple. En effet le Yoga qu’il enseigne n’est plus limité aux postures et aux corps physique mais vise à l’évolution de conscience via un travail sur le corps énergétique. Il détaille ainsi l’anatomie du corps énergétique (kundalini, chakra, nadi, vayu) et des techniques associées (postures mais également respirations, bandha, mudra, mantra et méditations).
Il regroupe ces différentes techniques sous formes d’exercices appelés kriya. L’adaptation de pratiques ésotériques orientales au monde occidental répond aux attentes de la contre-culture hippie en quête d’expérience spirituelle plus personnelle.
En termes de filiation spirituelle, Yogi Bhajan affirme être le représentant de plusieurs traditions :
- Hatha Yoga : il a été élève de plusieurs maîtres indiens rencontrés lors de ses nombreux voyages professionnels, dont notamment Swami Dhirendra Brahmachari ;
- Sikhisme : de père Sikh et mère Hindou, élève dans un collège Catholique, Yogi Bhajan est de religion Sikh avec pour maître Maharaj Virsa Singh dont il se détache plus tard, se référant alors désormais au maître Sant Hazara Singh puis se réclamant représentant de la religion Sikh pour l’occident ;
- Tantra blanc : à partir de 1971 Yogi Bhajan se déclare Mahant du Tantra Blanc, poste unique sur la planète, à la mort du lama tibétain Lilan Po précédent détenteur du poste et élève de Sant Hazara Singh.
L’authenticité de certaines de ces affirmations a été remise en doute par certains, notamment pour les deux dernières. Nous n’entrons pas ici dans la polémique et nous nous contentons de noter que Yogi Bhajan, dans son Kundalini Yoga, réalise un syncrétisme entre ces trois traditions.
Et le succès de son Kundalini Yoga continue toujours aujourd’hui, bien après sa mort en 2004, avec plus de 300 centres dans 35 pays chapeautés par l’organisation à but non lucratif 3HO (Healthy Happy Holy Organisation).
Kriya selon le Kundalini Yoga de Yogi Bhajan
Pour Yogi Bhanjan un kriya est donc une série regroupant tout ou partie des éléments suivants :
- postures ;
- mouvements dynamiques ;
- respirations ;
- bandha ;
- mudra ;
- mantra ;
- drishti ;
- visualisations et projections ;
- méditation.
Ces différents éléments sont organisés selon une séquence et un timing précis. La durée varie en fonction du kriya pratiqué et du temps passé dans chaque étape de l’enchaînement, en général elle est comprise en moyenne entre 3 minutes et 1 heure (certains kriya pouvant durer 1 minute ou d’autres jusqu’à 2 heures). L’objectif est de préparer les corps physique et énergétique à la méditation.
Les kriya, enseignés par Yogi Bhajan entre 1969 et 2004, ont été soigneusement retranscrits par ses disciples.
De nombreux livres sur le Kundalini Yoga selon Yogi Bhajan ont été publiés.
Le livre « Kriya: Yoga Sets, Meditations and Classic Kriyas » en décrit de nombreux et la source la plus complète est le site Web Library of Teachings. Les deux sont publiés par le Kundalini Research Institute (KRI) dont l’objectif est de diffuser et encadrer les enseignements de Yogi Bhanjan et la certification des professeurs.
Ce site référence pas moins de 562 kriya ! Il n’est donc pas pertinent d’en donner ici le détail mais plutôt des éléments structurants pour s’en faire une vision globale et mieux appréhender ce que recouvrent ces exercices. Pour ce faire nous proposons de détailler la structure des kriya présentée plus haut puis d’identifier des éléments de typologie de ces kriya.
Composants des kriya
Respirations
Les kriya du Kundalini Yoga selon Yogi Bhajan contiennent souvent des respirations où le souffle est utilisé pour rythmer et dynamiser la pratique. Les techniques les plus utilisées sont les suivantes :
- respiration longue et profonde : il s’agit de la respiration yoguique complète ou Dirga Pranayama sur les trois étages (abdominal, costal et thoracique) ;
- respiration du feu : obtenue par contraction et relâchement puissants du nombril à un rythme rapide, de manière similaire au pranayama Bhastrika abdominal du Hatha Yoga classique (même durée d’inspir et expir mais avec l’inspir non forcé) ;
- respiration du chien : respiration rapide par la bouche avec la langue tirée comme le halètement d’un chien ;
- respiration du lion : expiration puissante en tirant la langue au maximum, similaire à Simha Pranayama ;
- respiration alternée : alternance de l’inspiration et de l’expiration par la narine droite et gauche, similaire à Nadi Shodhana Pranayama ;
- Respiration Sitali : inspiration par la bouche avec la langue tirée et roulée en U, expiration par le nez, similaire à Sitali Pranayama ;
- respiration du canon : variante de la respiration du feu mais par la bouche en forme de O ;
- respiration Sat Nam : pratiquée avec le mantra Sat à l’inspiration et Nam à l’expiration, similaire au So Ham du Hatha Yoga.
Il est à noter que ces respirations comportent très peu souvent de rétention de souffle. A ce titre il ne s’agit pas véritablement de pranayama au sein du Hatha Yoga classique. En revanche, les rétentions de souffle sont souvent pratiquées après l’exercice dans la phase d’intégration passive.
La vidéo ci-dessous détaille la respiration du feu utilisée dans la technique de l’éradicateur de l’égo.
Mantra
Les kriya comportent souvent des mantra. Il sont principalement en Gurmukhi et occasionnellement en anglais.
En voici quelques exemples :
- Sat Nam (bija mantra) : « la vérité est mon identité » ;
- Ong Namo Guru Dev Namo (Adi Mantra) : « je m’incline devant la sagesse créative, je m’incline devant le guru intérieur » (mantra récité en début de pratique pour se connecter au subtil) ;
- Ek Ong Kar Dat Nam Siri Wahe Guru (Adi Shakti Mantra) : « un créateur a créé cette création, la vérité est son nom, son infinie sagesse est au-delà de la description » (mantra récité deux heures et demies avant le lever su soleil) ;
- Guru Guru Wahe Guru Guru Ram Das Guru (Guru Ram Das Mantra) : « sage, sage est celui qui sert l’infini » (invocation du quatrième guru Sikh, identifié au saint patron du Kundalini Yoga) ;
- Ek Ong Kar Sat Gur Prasad, Sat Gur Prasad Ek Ong Kar : « nous sommes un avec le Créateur, je le sais par la grâce du Guru, je le sais par la grâce du Guru, nous sommes un avec le Créateur » (Siri Mantra pour enlever les obstacles et la négativité) ;
- Sa Ta Na Ma (décomposition syllabique de « Sat Nam ») : « infini, vie, mort, renaissance« .
Adi Mantra
La pratique des mantra occupe une place importante dans le culture autour du Kundalini Yoga, notamment sous forme de Kirtan avec des artistes connus tels que Snatam Kaur.
Pour plus de détail sur la nature, la structure et les effets des mantra se reporter à notre série d’articles sur le sujet.
Postures
Les kriya du Kundalini Yoga selon Yogi Bhajan contiennent souvent des postures de Hatha Yoga classique. Certains kriya n’en contiennent aucune, d’autres plusieurs généralement liées via d’autres composants tels que des mouvements dynamiques. Les postures sont généralement tenues plusieurs minutes et dynamisées via la respiration du feu (cf. plus bas). Des bandha ou des mantra peuvent parfois y être associés.
Une attention particulière est portée aux différents angles dans les postures, de manière à bénéficier de l’effet escompté au niveau du flux sanguin, des glandes et des chakra (si le kriya précise que les bras doivent être à 60° et pas 45° ni 90° c’est pour une raison précise).
Mouvements dynamiques
La répétition de mouvements dynamiques synchronisés sur la respiration est emblématique du Kundalini Yoga. Il s’agit souvent d’alternances enter deux postures, réalisées pendant plusieurs minutes. Cela a pour effet de chauffer le corps et plus généralement de stimuler et ressentir l’énergie. Ainsi un temps d’intégration passive des effets doit impérativement être observé après chaque kriya (généralement entre 30 secondes et 1 minute et a minima le temps que la respiration reprenne son rythme naturel).
La vidéo ci-dessous permet de visualiser de tels mouvements inclus dans Nabhi Kriya.
Ce type de pratique peut être très physique et correspond à l’ardeur (tapas) évoquée dans le Hatha Yoga. Le travail est réalisé sur les différents corps : physique, énergétique et aussi mental car pour aller pour bout d’exercices dynamiques longs, le pratiquant doit lâcher le mental, s’abandonner dans la pratique comme dans une transe.
Bandha
Comme son nom l’indique, l’objectif du Kundalini Yoga est d’activer et faire circuler l’énergie dans le corps subtil (cf. plus de détails plus bas). Pour guider l’énergie dans le corps des techniques de verrouillage de Hatha Yoga, ou bandha, sont utilisées dans certains kriya.
Les principaux bandha mis en œuvre sont similaires à ceux du Hatha Yoga classique :
- Mula Bandha (verrou racine) : légère contraction et aspiration vers le haut de la zone entre l’anus et les organes sexuels ;
- Uddiyana Bandha (verrou du diaphragme) : contraction des muscles abdominaux vers la colonne vertébrale en aspirant le diaphragme vers le haut ;
- Jalandhara Bandha (verrou du cou) : légère contraction du cou et de la gorge, en rentrant légèrement le menton pour le poser dans le creux entre les clavicules (la tête reste le plus souvent droite dans les kriya) ;
- Maha Bandha (grand verrou) : combinaison des trois verrous précédents.
Il est recommandé de pratiquer les bandha après chaque kriya, juste avant la phase d’intégration passive, même si cela n’est toujours pas expressément demandé dans le description du kriya.
Mudra
Les kriya intègrent également des mudra – et plus précisément des hasta mudra – qui sont des positions spécifiques des doigts et des mains qui entrainent des connexions subtiles au niveau du corps énergétique et ses liens avec les autres corps, éléments et planètes.
Chaque mudra a une symbolique et des effets particuliers. Nous ne les abordons pas ici, tant le sujet est vaste et pourrait faire l’objet d’une série d’articles dédiée.
Khechari mudra est également utilisé (appui du bout de la langue sur le palais mou) dans certains kriya. Il peut notamment être associé au bandha précédents pour réaligner la colonne vertébrale.
Drishti
Les drishti sont des focalisations du regard, yeux ouverts ou fermés, sur des points précis. Ils aide à concentrer la pensée et l’énergie. Le Kundalini Yoga propose souvent les focalisations sur les points suivants :
- troisième œil ou sixième chakra ;
- sommet de la tête ou septième chakra ;
- le bout du nez (en général avec les yeux à moitié ouverts) ;
- le nombril ou deuxième chakra.
Visualisations et projections
Les pratiques comportent parfois des visualisation à réaliser yeux fermés pour renforcer certains effets, la sensation ou le mouvement d’énergie, une émotion…
Voici quelques exemples de visualisations que l’on trouve dans certains kriya :
- visualisation du son d’un mantra qui se déplace dans le corps, entre des chakra ou autour de la colonne vertébrale ;
- visualisation de l’écriture de mantra, d’un symbole ou d’une divinité dans l’espace du troisième œil ;
- visualisation de l’énergie de long des certains canaux comme par exemple celui entre les glandes pinéale et pituitaire (corde dorée) et le long de la colonne vertébrale ;
- se visualiser à l’intérieur d’une douche d’énergie ;
- visualisation de formes en mouvement (par exemple des bulles sortant de la bouche en respirant) ou de la lumière (par exemple autour des mains) ;
- visualiser des mémoires et des évènements pour les dépasser ;
- visualiser une personne ou soi-même entourée d’une lumière et une énergie de guérison ;
- visualiser des scènes imaginaires (temple, étendue d’eau, etc.) à la manière du Yoga Nidra.
Certaines visualisations sont mêmes de projections où des images ou de l’énergie sont projetées en dehors du corps du pratiquant, par exemple :
- projection d’un rayon de lumière à partir du troisième œil ;
- projection d’énergie au-delà du corps, par exemple à partir du chakra couronne ;
- visualisation et projection du corps énergétique au dessus du corps physique ou dans une direction (par exemple vers une berge) ;
- visualisation et projection progressive vers l’extérieur à chaque respiration (sommet de la tête, plafond, toit, voisinage, ville, pays, continent, planète, univers.
Méditations
Les kriya sont généralement suivis de méditations. Il s’agit en fait d’exercices préparatoires à la méditation comprenant des respirations, des mudra, des mantra, des visualisations ou des projections. L’objectif est de compléter les exercices dynamiques en répartissant l’énergie stimulée et en travaillant sur le corps mental pour continuer à expérimenter des états de conscience plus subtils.
Le Kundalini Yoga propose un large éventail d’exercices de méditation, qu’il soient statiques ou avec des mouvements. La vidéo ci-dessous en donne un exemple.
Visitez la chaîne Youtube dont est issue la vidéo pour d’autres exemples de méditations et de kriya.
Typologie des kriya
Yogi Bhajan n’a jamais réellement catégorisé et organisé les kriya et méditations qu’il a enseignés. Les exercices sont choisis par le pratiquant d’une sadhana ou par le professeur en fonctions de ses élèves.
Les exercices sont donc officiellement identifiés par leurs noms mais également par la date à laquelle Yogi Bhajan les a enseigné pour la première fois.
Du coup le choix de kriya à pratiquer peut être fait selon plusieurs critères :
- la durée et la difficulté de la technique ;
- la présence ou l’absence de certaines composantes (par exemple mantra, mudra ou visualisation) ;
- les chakras et les glandes endocrines sur lesquels sont centrés les kriya ;
- les zones du corps les plus sollicités ;
- les effets attendus (généralement suggérés dans les noms des kriya);
- …
C’est donc bien l’expertise et l’expérience d’un professeur qui permet d’aborder les pratiques avec le plus de sérénité et de manière adaptée aux spécificités de chacun.
Le livre « Kundalini Yoga : Une expérience unique pour réconcilier le corps, l’esprit et l’âme » de Guru Dharam Singh Khalsa et Darryl O’Keeffe propose une méthode intéressante pour déterminer les kriya et méditations à pratiquer. Elle se base sur l’auto-analyse des chakras pour les kriya et la numérologie pour les méditations.
Intégration dans une sadhana
Le Kundalini yoga selon Yogi Bhajan souligne l’importance d’une pratique personnelle et régulière (sadhana). Ainsi le même kriya doit être pratiqué tous les jours pour bien intégrer l’exercice et ses effets avant d’en changer.
Déroulement recommandé
La pratique quotidienne préconisée est la suivante :
- la pratique peut être faite à n’importe quelle heure mais toujours au moins deux heures après avoir mangé ;
- le moment le plus propice est deux heures et demies avant le lever du soleil (heures dites « ambrosiales » ou Amrit Vela) car la vibration est la plus favorable et est amplifiée par l’énergie des pratiquants spirituels ;
- éventuellement pratiquer la séquence de réveil corporel dans son lit (cf. plus loin) ;
- prendre une douche rafraichissante et idéalement rester pieds nus ;
- il est recommandé de s’habiller en coton blanc et d’attacher les cheveux sur le haut du crâne (ou des les envelopper d’un turban) dans le but de masser les os du crâne et de focaliser l’énergie ;
- assis avec Jalandhara Bandha (tête droite), se connecter à son soi supérieur en chantant trois fois l’Adi Mantra (Ong namo guru dev namo) ;
- pratiquer une série d’échauffement pour préparer le corps (cf. plus loin) ;
- pratiquer le kriya retenu pour la sadhana, la durée généralement préconisée est de 40 jours d’affilée ;
- s’allonger et se relaxer de 5 à 15 minutes de manière à rééquilibrer, réaligner l’énergie dans le corps et intégrer les effets du kriya ;
- pratiquer la séquence d’ancrage (cf. plus bas).
- pratiquer la méditation retenue pour la sadhana.
Séquence de réveil
L’image ci-dessus résume la série recommandée au réveil. Elle peut être pratiquée dans le lit avant de se lever. La quatrième étape est l’éradicateur de l’égo présenté dans une vidéo plus haut.
Séries d’échauffement
L’objectif est d’échauffer et réveiller le corps et le préparer pour le reste de la pratique. Il existe plusieurs séries proposées dans le cadre du Kundalini Yoga. Il s’agit de pratiques similaires à celles de Sukshma Vyayama dans le premier article de cette série.
La vidéo ci-dessous détaille une série d’échauffement.
Une autre série connue est celle de proposée par Guru Rattana Kaur illustrée ci-dessous.
Il existe une version plus longue et plus intense proposée par Guru Rattana dans le fascicule évoqué plus haut.
Séquence d’ancrage
Pour sortir de la relaxation profonde et bien se recentrer avant la méditation finale, la séquence d’ancrage suivante est proposée.
Éveil de la Kundalini
Les différentes techniques rapidement présentées plus haut concourent toutes à l’objectif principal du Kundalini Yoga : la montée et le maintien de la Kundalini dans le corps du pratiquant et l’augmentation de son niveau de conscience.
En effet, comme déjà précisé en début d’article, le Kundalini Yoga reprend les concepts tantriques de l’énergie : corps énergétique, centres d’énergie et réserve d’énergie potentielle et psychique lovée à la base de la colonne vertébrale. L’objectif est d’activer cette énergie au travers des kriya et méditation, de la faire monter le long du canal central (sushumna nadi) pour activer les différents chakra et atteindre finalement la fusion avec la conscience cosmique (samadhi). Il s’agit de réunir l’énergie Shakti avec la conscience Shiva.
Pour ce faire le Kundalini Yoga travaille sur la force vitale (Prana) et la force d’élimination (Apana). A l’aide des kriya et notamment des bandha, Prana est orientée vers le bas et Apana vers le haut, pour se rencontrer et se mélanger au niveau du centre du nombril. Cela génère une chaleur psychique (tapas) qui se dirige vers le premier chakra et réveille la kundalini qui y est endormie. Sa remontée se fait progressivement dans la colonne en fonction du niveau d’ouverture des chakra.
Pour faciliter cette ascension et surtout le maintien de l’énergie, le Kundalini Yoga réalise également un travail particulier sur le centre du nombril où se retrouvent Prana et Apana et centre de gravité du corps. De même, l’énergie sexuelle est travaillée pour être distribuée à l’intérieur du corps et prépare le système nerveux à supporter l’énergie de la kundalini.
Kundalini Tantra
Les concepts présentés plus haut sont clairement issus des pratiques du Tantra qui ont également influencé les pratiques du Natha Yoga et du Laya Yoga. Un autre article de Yogarkana détaille les aspects tantriques du Yoga.
D’autre maîtres de Yoga ont également proposé des pratiques autour de la Kundalini, des chakra et des nadi comme, par exemple, Swami Sivananda Saraswati ou son disciple Swami Satyananda Saraswati.
Swami Satyananda a également enseigné des kriya en tant qu’exercices d’origine tantrique à intégrer dans une sadhana. Il s’agit de pratiques de Kriya Yoga traditionnellement transmises uniquement de maître à disciple. Ce terme a également été utilisé par Swami Yogananda au début du siècle dernier pour désigner des pratiques spirituelles. Tout ceci fait l’objet du troisième et dernier article de cette série.